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RÉCEPTION ORGANISÉE PAR LA FONDATION FRANCE ISRAËL EN HOMMAGE À M.PAUL SCHAFFER - MARDI 23 JUIN.

DÉCOUVREZ LES PHOTOS DE LA RÉCEPTION ORGANISÉE PAR LA FONDATION FRANCE ISRAËL EN HOMMAGE À M.PAUL SCHAFFER HIER, MARDI 23 JUIN.

Lettre de Miry Gross Directrice des Relations avec les pays francophones pour Yad Vashem lue par Nicole Guedj:

A Paul Schaffer,

Notre ami Paul Shaffer, est, comme chacun le sait, un homme de conviction et de fidélité qui fait honneur à la communauté juive de France pour son soutien à Israël et à la mémoire de la Shoah.

Mais c’est pour moi, en particulier, un peu plus que cela. Véritable autorité morale, il est pour moi un mentor, un modèle, un conseiller, celui à qui je peux m’adresser lorsque je me pose des questions sur la meilleure façon de mener la mission de Yad Vashem en France.

Pour tout dire, Paul est un gentleman moderne qui sait allier diplomatie et détermination et qui porte le respect de l’autre au premier plan de ses préoccupations.

Et pourtant, ayant du subir dès son enfance la montée du nazisme, la nuit de cristal, la fuite à travers plusieurs pays, la déportation et les camps; ayant perdu ses parents et sa sœur dans la Shoah ; il aurait pu étouffer cette générosité et cette délicatesse qui le caractérisent si bien.

S’il a su rester cet homme ouvert et bienveillant que nous connaissons, c’est parce qu’il en a fait un impératif dans sa vie.

Comme il le dit lui-même dans son livre de souvenirs, « Le Soleil Voilé » (page 147) : « Je me suis toujours refusé à regarder ceux que je côtoyais quotidiennement avec la perception qui avait été la mienne quelques années auparavant (c’est à dire, pendant la Shoah). J’aurais pu avoir perdu définitivement toutes mes illusions, mais aussitôt après mon retour il m’a fallu réapprendre à rester ouvert et à faire confiance à l’homme ».

C’est justement parce qu’en tant que rescapé de la Shoah « faire confiance à l’homme » n’était plus une évidence mais un travail sur soi, que cette vertu est devenue chez Paul Schaffer un devoir sacré et une leçon pour chacun de nous.

Cher Paul,

Merci pour ta disponibilité

Merci pour tes conseils,

Merci pour ton amitié et ton dévouement à la cause de Yad Vasham.

Merci pour l’amour que tu portes à Israël.

Miry Gross  

 

 Retrouvez toutes les vidéos de la soirée en cliquant sur ce lien:

https://www.dropbox.com/sh/ti0me009ahb02sm/AAA2QsDLPDKSoCHpXBGpAtXsa?dl=0

Allocution de Paul Schaffer

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Son Excellence Yossi Gal (ambassadeur d'Israel), Paul Schaffer, Madame Simone Veil, Général Georgelin (chancelier)

Paris, Hôtel de Salm - 19 mars 2013

Monsieur le grand Chancelier de l’Ordre de la Légion d’Honneur,
Madame le Ministre d’Etat
Madame le Ministre
Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur Le Maire,
Messieurs les Grands Rabbins,
Mesdames et Messieurs les Présidents des diverses Associations,
Chers camarades rescapés,
Chers amis,      
Je souhaite à présent,  mon Général, vous remercier à plusieurs titres.
D’abord, bien sûr, pour avoir décidé de me promouvoir au grade d’Officier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur.
Ensuite, pour avoir accepté de me remettre personnellement les insignes du grade.
Enfin, parce que vous avez relaté avec une grande sensibilité mon parcours.
Merci aussi d’avoir accueilli mes invités dans ces lieux imposants, chargés d’histoire, et où l’on n’entre qu’avec respect et émotion.
Ma joie n’aurait pas été complète si je n’avais à mes cotés, en ce moment exceptionnel, Simone, mon amie de toujours, ma compagne de déportation.
 
Qui aurait osé imaginer, il y a soixante-huit ans, lors de la « Marche de la mort », quand nous étions des milliers de morts-vivants à nous trainer sur les routes enneigées d’Allemagne, qui aurait imaginé, qu’un tel honneur serait un jour accordé par la République à ceux d’entre nous, qui par miracle ont survécu et ont encore pu offrir leurs services à la société ?.
 
En pénétrant dans ces lieux pour y être honoré, permettez-moi, Monsieur le Grand Chancelier, de redire les mots très émouvants prononcés par Jean d’Ormesson quand il accueillit Madame Simone Veil sous la Coupole de l’Académie :
 
«  Je pense, dit-il,  avec émotion, à tous ceux et toutes celles qui ont connu l’horreur des camps de concentration ; le souvenir de tous entre  ici  avec vous ».
 
Dans le même esprit, entouré ici de mes camarades, rescapés comme moi, je souhaite, à mon tour, la présence, même chimérique, de nos Martyrs.
Je veux partager avec chacun d’eux, une part de l’honneur qui m’échoit et leur permettre de retrouver, au-delà des années, la reconnaissance de leur dignité, de leur humanité, dont ils ont été si cruellement dépouillés.
 
Nous, les survivants, ne les avons  jamais oubliés, car « ne meurent définitivement que ceux dont on ne parle plus » !
 
Il nous a fallu parfois du temps pour raconter.
Il était difficile d’évoquer les souffrances endurées.
Il était douloureux de parler des conditions inhumaines et inimaginables dans lesquelles nos enfants, nos femmes et nos parents furent assassinés ! 
 
Pourtant nous l’avons fait, car nous étions convaincus que le souvenir du mal servirait de bouclier.
 
Sans épargner nos forces, ni ménager notre temps, nous continuons d’escorter encore maintenant des visiteurs sur les lieux du crime, et de parler de nos supplices.
 
Qui, en effet, mieux que nous, peut dire l’horreur de la barbarie ?
 
Comment répondre autrement « en ce monde, à la terrible obstination du crime, si ce n’est pas par l’obstination du témoignage » ? Ainsi que l’écrivait Albert Camus. 
 
Comme mes camarades, je n’ai cessé d’aller dans des lieux de mémoire, dans les écoles, pour y expliquer l’inexplicable, raconter l’inconcevable aux élèves et leur laisser entre autres, les mêmes  messages : devenez des citoyens dignes et vigilants,  bannissez surtout la haine de l’autre, source de tous les crimes.
Les réactions à mes témoignages ont toujours été à la hauteur de mes espérances: généreuses, affectueuses, réconfortantes. Elles ont été même au-delà, puisque c’est à la demande de nombreux élèves que j’ai écris mon histoire ; «  Le Soleil voilé » légèrement édulcorée en raison des destinataires.
J’espère qu’elle  restera longtemps accessible, grâce à mon site internet, afin de  perpétuer l’histoire de la Shoah.
 
En 1953, Israël a institué YAD VASHEM, le Mémorial de la Shoah.
 
Vingt ans plus tard fut créé le Comité Français pour Yad Vashem, présidé à l’origine par Maître Samuel Pisar-, aujourd’hui Ambassadeur auprès de l’Unesco, suivi par le Dr Richard Prasquier. Ma mission à l’époque, en tant que vice-président, fut d’assurer la transmission de la Shoah.
 
Devenu il y a quatre ans, à mon tour, Président du Comité Français, j’ai alors mis toute mon énergie à recruter de nouveaux membres, aux grandes qualités de cœur et d’esprit. Avec tous les anciens bénévoles, agissant avec dévouement, nous avons formé un formidable esprit d’équipe ; je souhaite leur exprimer encore une fois ici mes remerciements. Ils m’ont aidé à donner un nouvel élan à notre Association.
 
Cette nouvelle fonction m’a également permis de découvrir un autre aspect de l’histoire : à côté de l’horreur, des bourreaux et de leurs victimes : Les « Justes parmi les Nations ».
Ces hommes et ces femmes, distingués et ainsi nommés par Jérusalem pour avoir durant la guerre, au péril de leur vie, par simple humanité, sauvé des juifs.
Que de belles histoires de courage et de générosité,  j’ai pu ainsi apprendre !
J’exprime à ces héros silencieux ma gratitude avec d’autant plus d’émotion que je connais le destin auquel ceux qu’ils ont protégés ont échappé.
Ces «  Justes » ont leur place à Yad Vashem à Jérusalem ; leurs noms sont inscrits sur un mur du Mémorial de la Shoah à Paris. Et depuis 2007, ils ont rejoint les Grands Hommes de notre pays au Panthéon.
 
Quelques mots aussi pour dire avec quel enthousiasme, j’ai contribué à la réalisation de l’exposition itinérante, réalisée par l’Office National des Anciens Combattants ONAC -  DESOBEIR POUR SAUVER  - qui  honore cinquante-quatre Policiers et Gendarmes, (depuis ils sont au nombre de 64) nommés «  Justes parmi les Nations», la plus haute décoration civile de l’État d’Israël.
 
Mon propre destin fut, en effet, tout le contraire, puisque  après une poursuite de deux heures par un gendarme français zélé, en zone non occupée, en 1942, j’ai été finalement arrêté, et après un passage par Drancy, déporté avec ma mère et ma sœur vers Auschwitz.
Ces hommes à qui on allait rendre hommage dans cette exposition, avaient à l’opposé écouté leurs consciences ; préféré la non-obéissance ; et  rompu leurs serments de fidélité à l’Etat français.  
Pour toutes ces raisons, ils méritent  une reconnaissance particulière.
 
Parmi ces policiers, je voudrais citer Jean-Philippe, Commissaire de police à Toulouse : dans sa loyale lettre de démission, il expliqua pourquoi sa conscience lui interdisait d’obéir aux ordres de l’Occupant et de Vichy.
Il fut relevé de ses fonctions, déporté comme Résistant et fusillé en Allemagne. Il a reçu par Yad Vashem, à titre posthume, la distinction, bien méritée, de « Juste parmi les Nations ». Sa lettre figure dans mon livre ; je la lis aux élèves afin qu’ils s’inspirent de son  exemple de patriotisme et de courage.
 
Je voudrais aussi relater un autre évènement très émouvant et dont les conséquences, sont importantes.
 
Comme Président du Comité français pour Yad Vashem, j’ai inauguré à St Amand-Montrond, en même temps que l’exposition sur les policiers et gendarmes, une esplanade des Justes et un monument à leur mémoire.
 
A cette occasion le Maire, mon ami Thierry VINÇON, m’a suggéré la création par le Comité de Yad Vashem, d’un regroupement des villes restées fidèles à la mémoire des Justes en donnant leurs noms à certains lieux ou monument dans leurs communes.
 
Avec enthousiasme, nous avons fait nôtre cette idée et travaillé pour la mettre en œuvre.
Et le 12 septembre 2012, à la Mairie de Paris, le Réseau « Villes et Villages des Justes  de France», est né. Thierry Vinçon en a accepté la présidence et la maire du Chambon, Madame Wauquiez, la présidence d’honneur.
 
Le voyage prochain, de la première délégation de ce réseau de maires, à Yad Vashem Jérusalem,  pour le Yom Ha- Shoah, marquera le début d’un long chemin commun, au service de la fraternité et du respect de la dignité humaine.
 
Il appartient maintenant à mes amis Jean-Raphaël Hirsch, Président en exercice du Comité français, et à ses adjoints d’en faire avec Thierry Vinçon, un véritable succès.
 
Enfin, je voudrais vous dire l’importance du travail accomplit par la « Fondation pour la Mémoire de la Shoah » (FMS) et auquel je participe modestement, mais non sans fierté.
 
D’abord présidée à sa création en 2000 par Simone Veil, aujourd’hui par David de Rothschild entouré d’une équipe de collaborateurs dévoués et de grande qualité, cette importante fondation sous sa présidence, remplit toutes ses missions.
 
Au plan social, d’abord, elle apporte son soutien aux survivants confrontés aux diverses difficultés matérielles et morales, en tentant de réparer, autant que faire se peut, les conséquences de la Shoah.
 
Elle finance également de façon très importante le Mémorial de la Shoah, mené par son dynamique directeur, Jackie Fredj, sous l’œil averti et le cœur généreux du Président Eric de Rothschild.
 
Il convient aussi de rendre un hommage tout particulier à Serge Klarsfeld, vice-président de la FMS, auteur de plusieurs ouvrages importants. Depuis la création de l’Institution dont il fut l’un des artisans majeurs, il l’a aidé à enrichir sa connaissance sur la Shoah. A conserver ou rénover  les lieux de mémoire en Pologne et en France, dont le plus récent et non le moindre, est évidement le musée-Mémorial de Drancy.
 
Drancy où je fus interné, il y a 70 ans, en 1942.
En y arrivant, j’y avais relevé sur un mur, une inscription dont j’ai fait ma devise :
 
« Quand il n’y a  plus rien à espérer, c’est là qu’il ne faut pas désespérer» !
 
Est-ce le refus obstiné du désespoir, au plus noir de l’enfer d’Auschwitz,  qui m’a permis de survivre ? ? 
 
Sans doute bien d’autres raisons, expliquent que moi et d’autres ayons  survécu.
Pourtant, je reste convaincu que de n’avoir jamais cédé au désespoir, a été un élément déterminant.
 
Je voudrais dire aussi combien l’attention donnée par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah à la pérennité du judaïsme, à sa culture, à la diversité de ses penseurs, à la profondeur de ses textes, m’importent, moi dont la jeunesse a baigné dans cette tradition juive familiale autrichienne éclairée.
Le judaïsme peut, en effet, continuer de nous enrichir tous, sans mettre en danger la laïcité, fondement de la République.
 
Je tiens également à affirmer ma fierté et ma fidélité, ancrées au plus profond de mon âme et qui m’animèrent  au sortir de la guerre, quand le jeune État d’Israël naissait. C’est cette même fidélité à Israël, dont l’existence est toujours menacée, que je souhaite redire ce soir. 
 
Il me tient à cœur de  remercier mes fidèles amis, Anne-Marie Revcolevschi, Emile Frydlander, Jean Pierre Gauzi, Jean-Raphael Hirsch, Jean-Pierre Lévy, et aux nombreux autres que je n’ai pu citer nommément, pour leur appréciable et amicale aide tout au long de mes activités.
 
Mes propos seraient néanmoins incomplets si je ne mentionnais pas l’aide indispensable, patiente, dévouée et l’affectueux soutien, qui ne m’ont jamais fait défaut, de ma chère épouse Jacqueline, de ma fille Anick, de mon gendre Lucien  et de mon petit-fils Adrien.
 
Je sais combien il est difficile d’être lié à un rescapé d’Auschwitz.
 
Pour conclure, je voudrais vous laisser méditer ces mots, si justes, d’Albert Einstein, afin que « le plus jamais ça » devienne réalité :
 
« Le monde est dangereux à vivre, non pas seulement à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire ». 

Allocution du Grand Chancelier

Remise des insignes d’officier de la Légion d’honneur
par Monsieur le Grand Chancelier à
M. Paul Schaffer
19 mars 2013 / Hôtel de Salm
 
 
Madame le ministre d’Etat,
Madame le ministre,
Messieurs les ambassadeurs,
Monsieur le maire,
Messieurs les grands rabbins,
Mesdames, Messieurs les présidents,
Mesdames et messieurs,
 
Monsieur le président,
 
Je suis heureux de vous accueillir à nouveau dans ce palais de la Légion d’honneur. Il y a quelques mois nous étions rassemblés ici même avec nombre de vos prestigieux invités de ce soir pour célébrer l’entrée de la médaille des Justes au musée de la Légion d’honneur. Cette médaille y est désormais exposée avec la croix de la Légion d’honneur et la croix de l’ordre de la Libération du cardinal Saliège.
 
Parmi les membres du comité français pour Yad Vashem responsables de cette heureuse initiative, vous étiez présent. Comme président d’honneur de ce comité mais aussi comme victime de la Shoah. Victime et témoin car de l’épreuve de l’antisémitisme dès votre enfance en Autriche, de votre exil forcé en Belgique et de votre déportation depuis la France dans vos premières années d’homme, vous avez su vous relever pour témoigner de l’indicible dans une dignité qui ne peut que forcer le respect.
 
C’est pour ce courage que vous mettez au service de la nation afin que les déchirements de son histoire ne viennent pas de nouveau troubler sa cohésion, c’est pour ce courage et cette fraternité que nous vous remettons aujourd’hui les insignes d’officier de la Légion d’honneur. Cette distinction est la reconnaissance par la République de biens des mérites, au premier rang desquels je voudrais mettre votre loyauté de citoyen français. Loyauté dont vous avez décidée en pleine conscience et dans l’épreuve - ce qui fait sans doute son indéfectibilité.
 
Vous, qui après avoir été contraint de quitter votre pays natal et votre terre d’exil belge, allez être interné avec votre famille au camp d’Agde quelques mois après votre arrivée en France ;
Vous, qui allez être arrêté en zone libre, non loin de Toulouse en août 1942, quelques jours à peine après l’appel du cardinal Saliège s’érigeant contre les lois raciales du gouvernement de Vichy ;
Vous, qui depuis Drancy allez être déporté comme juif étranger à Auschwitz où votre mère et votre sœur Erika seront gazées et où vous subirez trois ans durant l’entreprise de déshumanisation des Nazis,
 
Vous faites le choix de revenir en France après votre libération. Et surtout d’y rester alors même que votre père que vous espériez retrouver, n’est plus. Vous allez décider de conserver sa tombe dans le cimetière - non juif - de Revel et d’y ajouter le nom de votre mère et de votre sœur. Quelques années plus tard, vous êtes tenté de rejoindre l’Etat d’Israël mais au moment même de sa création, vous vous marriez à une Française, Jacqueline, et demandez votre naturalisation. Vous deviendrez ainsi citoyen français, un acte fort qui signe votre volonté d’intégration et qui vous conduira un temps à servir comme appelé dans nos armées, dans le 8ème régiment de transmission, avant de pouvoir vous lancer dans une brillante carrière industrielle pour laquelle vous serez décoré de l’ordre national du Mérite [par Madame le ministre Simone Veil].
 
Mais plus que votre vie professionnelle, c’est votre mariage et la naissance de votre fille Anick qui marquent votre détermination à « revenir au monde » (telle est votre expression). Vous êtes en effet animé d’un goût de la vie que la déportation et la perte de vos proches n’ont pas éteint. De cet instinct vital vous avez su développer un esprit de résistance qui vous sauve dans les camps, vous interdisant le désespoir, vous guidant dans vos décisions, vous amenant  debout à votre libération que vous refusez ainsi d’attribuer à la chance. Dans l’enfer d’Auschwitz, vous avez su rester libre, libre car courageusement résistant. Aussi, quand des années après la fin de la guerre et la révélation de ses atrocités, les thèses négationnistes font leur apparition, vous rentrez à nouveau en résistance. Il n’est pas pensable pour vous qu’un ancien déporté puisse se taire : « Nous n’avons pas le droit de laisser mourir nos victimes une seconde fois par le mensonge » dites-vous.
 
Sans discontinuité depuis les années 80, vous multipliez ainsi les engagements dans de nombreuses associations : comme vice-président de l’Association nationale des anciens déportés et internés juifs ; comme trésorier et vice-président  de l’Alliance France-Israël fondée par le général Koenig ; comme administrateur de la Fondation pour la mémoire de la Shoah ; comme membre du bureau de l’Union de l’amicale des anciens d’Auschwitz ; et bien sûr comme membre fondateur du comité français pour Yad Vashem que vous allez un temps présider et dont vous êtes aujourd’hui président d’honneur.
 
Mais au-delà de votre appartenance à ces associations, vous êtes surtout un citoyen et contre la falsification historique vous résistez cette fois par la parole. Victime de la barbarie nazie jusque dans votre chair, vous vous érigez contre la haine en témoignant, en choisissant d’expliquer la violence et la souffrance, sans accabler ceux qui vous écoutent. Vous accomplissez inlassablement ce devoir de mémoire et allez à la rencontre d’un large public : en France, en Allemagne, aux Etats-Unis, vous intervenez à l’UNESCO, dans les universités, au Goethe Institut, au mémorial de la Shoah mais surtout dans les écoles primaires et les collèges - ce qui vous vaut d’être chevalier des Palmes académiques. Vous vous réjouissez de l’ouverture d’esprit des nouvelles générations avec lesquelles vous savez trouver le ton juste pour éveiller leur conscience, leur vigilance de futurs citoyens et leur inculquer le respect de la vie et celui du prochain. Vous allez même jusqu’à écrire un livre à leur intention, Le soleil voilé, préfacé par Madame Simone Veil, qui est pour vous une compagne des camps, et par Monsieur Serge Klarsfeld. Traduit en anglais et en allemand, il accessible également sur votre site internet afin que  le plus grand nombre puisse accéder à la mémoire de l’Histoire, et à son tour la transmettre.
 
 
Votre ouvrage est dédié à votre petit-fils, Adrien-Benjamin, à l’éducation duquel vous vous appliquez à œuvrer par l’exemplarité. Je suis convaincu qu’il sait vous entendre, comme le savent ceux auprès de qui vous témoignez avec courage et détermination, et comme le sait la République qui vous reconnait aujourd’hui comme officier de la Légion d’honneur.

Contribuer à un monde meilleur

Chers amis,

Ci-dessous la dernière photo prise de notre famille, réunie avant notre arrestation en 1942 à REVEL, Hte Garonne (Zone non occupée), quelques mois avant la déportation d'une dizaine de milliers de familles vivant dans cette région paisible, s'y croyant en sécurité.   Seule  la haine ou au mieux l'indifférence ont motivé ce massacre. 
Soixante douze années séparent ces deux images. Quelle lutte, combien d'illusions, quelles souffrances  j'ai eu à  endurer durant ces trois années qui ont suivi mon arrestation.
Rien n'est tombé dans l'oubli durant cette époque, ni le bien ni le le mal. Ces années se sont imprégnées dans ma chair et dans mon esprit. Soixante douze années depuis cette marche vers cette gare, première étape vers l'inconnu, vers une mort programmée. Deux cent cinquante personnes sont revenues en 1945 de cette rafle, dont j'étais le seul de moins de 18 ans, sur les dizaines de milliers arrêtés.
Mais nos sacrifices n'ont servit à rien, nos souffrances n'ont pas servi de bouclier à d'autres crimes atroces dont ont été victimes des innocents. Je regrette de ne pouvoir être présent à la cérémonie d'inauguration de cette plaque mémoire, étant le dernier et seul survivant de ce petit groupe qui est passé il y a tant d'année par cette gare.  
Mais si ma voix peut encore porter et être entendu, j' implore le public qui m'écoute ou qui me lit, de tout faire pour que l'on n'oublie pas nos martyrs, et que chacun contribue à un monde meilleur là ou il se trouve.

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