Lettres d'enseignants et d'élèves
et dessins d'enfants de CM2
Dans mon récit figurent seulement deux lettres d’élèves qui me semblaient alors intéressantes. Par cet additif je voudrais préciser combien toutes les autres m’ont réconforté par leur contenu, fait de compréhension, d’affection et surtout par des mots simples d’Humanité. Mots venant d’enfants que nous avons vainement attendus lors de notre retour… Toutes sont émouvantes, certaines accompagnées de dessins prouvant combien leur attention était soutenue !
Malheureusement je ne peux pas les inclure toutes et m’en excuse auprès de « mes élèves » de quelques heures… Heures privilégiées passées en leur compagnie. Toutes m’ont aidé à continuer mes témoignages, afin que la mémoire reste intacte.
Que les maîtresses d’école, les professeurs ainsi que les personnes qui ont organisé ces rencontres soient également remerciés ici !
N.B. : Ces lettres n’ont intentionnellement pas bénéficié d’un classement de ma part.
Paris, le 18 novembre 2009
Mon cher Paul,
Au moment où ton livre de souvenirs va être réédité je tenais à te remercier très chaleureusement pour les nombreux témoignages que tu as accepté de faire au CDJC-Mémorial de la Shoah depuis déjà une quinzaine d’années avec, je dois le souligner, toujours la même disponibilité, la même ponctualité, la même délicatesse et, en plus, un souci permanent de « pédagogie » pour exposer ton parcours un peu compliqué.
En effet, quel que soit l’âge des personnes venues t’écouter et ensuite te questionner, que ce soit des élèves du primaire (CM2), du secondaire (collégiens-lycéens), des étudiants, des adultes et même quelquefois des retraités, je t’ai toujours vu faire preuve d’une grande précision dans l’exposé de ton itinéraire. J’ai observé également ta rigueur et ta volonté de bien te faire comprendre, sans oublier de replacer les événements dans le contexte et la psychologie de l’époque. Je suis certain que si tu n’étais pas devenu un chef d’entreprise tu aurais été un excellent professeur, comme tu l’as d’ailleurs été un trop court moment dans les années d’après-guerre. D’autant que tes témoignages sont toujours empreints d’une grande humanité qui ne laisse indifférents ni les plus jeunes enfants ni les grands adolescents venus te rencontrer. C’est aussi d’une certaine manière ta « philosophie de vie » que tu réussis si souvent à bien faire passer.
Merci donc infiniment, cher Paul, pour avoir été vraiment « présent » chaque fois que nous te le demandions. Merci pour cette joie de vivre et pour l’humour que tu as su conserver contre vents et marées, même au plus noir de la nuit, comme tu le racontes d’ailleurs toujours pudiquement.
En écoutant le récit si dramatique de ta famille viennoise et la fin si brutale de ta propre enfance, on a tant besoin de cet humour et de ce petit brin d’espoir. C’est ce message d’espoir, je pense, qu’apprécient particulièrement ceux et celles qui ont eu la chance de te rencontrer.
En écrivant ces quelques mots je pense en particulier à ces Allemands adultes venus au Mémorial il y a plusieurs années. Je me souviens très bien qu’ils étaient littéralement stupéfaits – le mot n’est pas trop fort – d’entendre quelqu’un comme toi, si aimable, si amusant, si cultivé, leur raconter un itinéraire aussi tragique, dans un allemand parfait, sans la moindre acrimonie et avec une si grande humanité. Ce témoignage, cette écoute, et ensuite cet échange étaient réconfortants. C’était, je l’avoue, une expérience marquante pour moi aussi. Ainsi, même après l’itinéraire dramatique qui t’avait conduit de Vienne à Revel, puis de Revel à Auschwitz-Birkenau, tu montrais qu’il était possible de se reconstruire et de s’inventer un futur, une vraie vie, riche et réussie. Pour ces Allemands, nés comme moi après la fin de la guerre, te rencontrer, t’écouter et te questionner, c’était vraiment un moment intense et presque impossible à oublier. Merci donc pour ce témoignage de vie et merci aussi pour cette leçon d’optimisme et d’humanité que tu as réussi à partager avec nous.
Avec mes affectueuses pensées et bien à toi.
Claude Singer,
responsable du Service Pédagogique
au CDJC-Mémorial de la Shoah.
Cher Monsieur,
Je voudrai vous remercier encore une fois pour avoir pris le temps de nous raconter votre histoire. Ce témoignage fut très important pour moi qui ai également perdu de la famille durant cette tragique période. Je pense que votre récit a eu un réel impact sur notre classe et même si cela ne s'est peut être pas lu sur mon visage, votre récit m'a énormément touché. Vous semblez être une personne extrêmement forte avec beaucoup de courage et la façon dont vous avez transmis votre histoire avec un tel détachement m'a bouleversée. Le fait de recevoir en face de moi une personne ayant survécu a cette tragédie me paraissait irréel. Je ne saurai comment vous expliquer à quel point vous et votre histoire m'avez impressionnée. Votre venue nous a été, à tous, très enrichissante et je vous en suis pleinement reconnaissante. Je vous souhaite une très belle continuation entouré de tous ceux qui vous sont chers.
En vous promettant de veiller à ce que votre magnifique témoignage soit aussi transmis qu'il nous l'a été.
Fanny Chemla
PS: Je n'ai pas encore obtenu les photos que nous avions faites mais je vous les enverrai dès que possible.
Lycée André Malraux
Béthune
À Monsieur Schaffer Paul
Cher Monsieur,
Nous vous remercions d’avoir bien voulu contribuer à notre projet sur « La Mémoire et l’Histoire de la Déportation dans le Pas-de-Calais », en répondant à notre questionnaire, puis en rencontrant les élèves de Première le 27 janvier dernier.
Tous ont été particulièrement émus de cette rencontre avec des témoins. Ils ont parfois eu du mal à poser des questions, ne leur en voulez pas.
Nous vous adressons les premiers messages des élèves que nous avons reçus. Si vous souhaitez leur répondre collectivement, n’hésitez pas, nous imprimerons une suite au journal distribué le 27 janvier avec les messages des élèves et les vôtres.
En vous remerciant encore de l’intérêt que vous portez à notre projet,
Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de nos sentiments très respectueux.
Pour l’équipe, enseignants et élèves
Corinne Desfachelle et Frédéric Ghesquier
Messages de 1res S5 du lycée André Malraux, Béthune
Le déporté qui nous a témoigné son histoire m’a beaucoup touché. Cela m’a fait un peu étrange de rencontrer cette personne en pensant à ce qu’elle a pu vivre, ressentir à cette époque. J’espère que de telles choses n’arriveront plus car je trouve vraiment inhumain et sans cœur de traiter des vies humaines de la sorte. Le témoignage de cet homme est vraiment horrifiant, mais je le félicite pour le courage qu’il a eu à surmonter cette épreuve, car très peu de gens l’ont eu.
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Merci d’avoir témoigné des atrocités d’un camp, afin que cela ne se reproduise pas. Cela nécessite beaucoup de courage.
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Le témoignage de cette journée m’a permis de comprendre à quel point un homme peut être cruel envers ses semblables. Je vous remercie pour ce discours chaleureux qui nous a permis de repartir dans cette époque et de la vivre à travers vos yeux.
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Après ce que l’on a entendu, on prend conscience de ce qu’ils ont vécu, tout le mal qui les a fait souffrir. Et on peut se demander comment des « monstres » pareils peuvent exister car pour avoir fait tant de misères il faut vraiment être hypocrite et sans cœur.
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Je trouve que de faire ce qu’il a fait est une preuve de courage, car je ne pense pas que je pourrais raconter si j’avais vécu des moments d’horreur. Je me demande comment on peut croire encore en l’humanité quand on a vécu des moments horribles et affreux comme il a pu vivre.
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M. Schaffer, votre conférence m’a ouvert les yeux sur ce que pouvait être cette triste période de l’histoire, j’espère que ce génocide ne se reproduira plus dans le futur. Je pense qu’il faut être vigilant face à la montée des partis d’extrême-droite exposant des propos racistes.
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J’ai trouvé cette matinée très intéressante. Nous avons appris beaucoup de choses sur la guerre, la déportation, les conditions de vie… Je remercie M. Schaffer d’être venu et je souhaiterais pouvoir le revoir une nouvelle fois pour une autre conférence.
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C’était une journée très intéressante et inoubliable.
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Grand merci de vous être déplacé depuis Paris, spécialement pour nous. Cette journée m’a été très bénéfique : mes questions personnelles ont été résolues. Pour une fois, on nous a parlé de ce thème dans une autre atmosphère que pédagogique. Mon seul souhait est que l’on n’oublie jamais cette période pour que l’on ne fasse plus la même erreur. Continuez à informer la jeune population…
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Ce témoignage m’a permis de réaliser que l’histoire n’est pas si lointaine.
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Cette journée de conférence a été très instructive. Elle m’a permis de voir les événements de la Seconde Guerre mondiale différemment et de m’apporter plus de précision sur ce que je connaissais déjà. J’espère que de tels crimes ne se reproduiront jamais. J’aimerais avoir une conférence en terminale, pour avoir d’autres témoignages.
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Il y a quelques années je suis allée visiter un camp de concentration. Il y avait un four crématoire et des chambres à gaz, c’était horrible. Je me rends un peu plus compte de l’horreur que vous avez vécue. Il vous fallait une grande force de caractère pour rester en vie et pour vous évader. Bravo. Je pense que le film Nuit et Brouillard ne retrace pas vraiment l’« histoire » des déportés tels que vous. Mais on peut quand même s’imaginer ce que devait être l’enfer. Mon arrière-grand-père a été déporté pendant cette guerre et il est mort dans un camp de concentration. C’est très intéressant ce que vous faites pour que cette guerre ne tombe pas dans l’oubli. Merci!
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Trois heures instructives et intéressantes. J’ai apprécié la clarté des propos. Il faut être relativement fort, intérieurement, pour pouvoir s’exprimer de cette façon, surtout quand on connaît les différents traitements qui ont été infligés. C’est émouvant et réconfortant quand on sait que ce M. Schaffer a, par la suite, très bien rempli sa vie. On ne pouvait que lui souhaiter toute la réussite possible. On nous a bien expliqué et fait comprendre l’importance que notre génération et les générations futures pouvaient avoir aujourd’hui.
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Je pense que de parler des événements qui ont eu lieu pendant la guerre avec une personne qui les a vécus est une grande chance qui ne se représentera peut-être plus. C’est pourquoi il était important de venir témoigner au lycée, et je pense me souvenir longtemps de cette conférence.
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Cette journée sur la déportation m’a apporté quelque chose de nouveau, car je ne savais pas très bien ce qui se passait dans ces camps. J’ai ressenti une intense émotion sur les conditions de vie de ces déportés. Je remercie M. Schaffer d’être venu spécialement de Paris pour nous et je lui en suis reconnaissant.
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C’était très impressionnant de se retrouver face à un déporté surtout quand on sait ce qu’il a vécu. L’initiative de procéder à de telles rencontres au lycée dans un but éducatif est très bonne.
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Très impressionné par la rencontre d’un des anciens déportés, je voudrais vous adresser mes sentiments : j’étais très intéressé par la discussion, même si le confort n’était pas là, mais l’histoire qu’a vécue M. Schaffer est rare et reste marquée longtemps et même toujours en lui. Merci de nous avoir éclairés sur cette guerre très méconnue encore pour nous et merci de nous accorder un peu de votre temps.
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Les trois heures que vous nous avez apportées ont été instructives pour nous qui ne connaissions pas très bien ce qui s’était passé à cette période.
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Cette journée nous a permis de mieux nous rendre compte de la souffrance et des conditions de vie que vous avez dû subir. Cela pourra nous permettre de ne pas provoquer d’erreur dans le futur !
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Le témoignage m’a beaucoup touché, et je suis très content d’avoir parlé de ce sujet afin de me rendre compte des conséquences de cette guerre. La guerre n’est plus un fait historique, mais un fait qui ne doit plus se reproduire dans l’avenir. C’est vrai qu’aujourd’hui des systèmes politiques peuvent provoquer cette situation (FN), mais grâce à ce témoignage, on a les idées plus claires afin d’éviter une nouvelle guerre.
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Le témoignage apporté par ce déporté victime de ces atrocités a été très percutant, portant à réflexion, notamment sur la bêtise et la bestialité humaine. Il nous a permis de nous rendre compte, par le biais de cette victime, de cette histoire vécue. Ces explications nous ont permis de vivre presque réellement les expériences de certaines personnes. On a pu s’imaginer, beaucoup plus facilement que par certains moyens, la tragédie de ces personnes. Cette journée fut très enrichissante.
Messages de 3es
Maryse
Merci de nous avoir accueillis pour nous raconter votre vie de déporté pendant la seconde guerre mondiale. Je vous remercie aussi d’avoir témoigné, afin de transmettre le souvenir des camps et les souffrances que vous avez endurées, non seulement à nous, mais aussi aux générations futures. Votre intervention est primordiale pour se souvenir de cette époque, ne pas oublier. Mais au-delà de cet aspect, vous nous avez amenés à réfléchir sur notre situation actuelle et à nous apercevoir que, comme pour Hitler dans les années 30, le danger n’est jamais loin.
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Kamel
Nous, les élèves que vous avez reçus le vendredi 23 janvier 2009, nous vous remercions de nous avoir accordé du temps et de nous avoir raconté des choses difficiles qui ont marqué votre vie et qui vous ont fait souffrir.
Nous, élèves de Paul Éluard, apprécions pleinement votre discours plein d’espoir et de désespoir. Merci de nous avoir transmis votre histoire pour plus tard en faire des témoignages qui seront transmis à nos enfants. Votre parcours rentrera dans 1’Histoire et dans nos mémoires. Grâce à vous le racisme ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Que la haine disparaisse pour toujours !
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Amelle
M. Schaffer, tout d’abord, je voudrais vous remercier de nous avoir témoigné votre vie. Nous savons que ce sont des évènements douloureux de l’Histoire et de votre vie, qui ne sont pas faciles à évoquer. J’ai trouvé votre témoignage très émouvant. Il restera gravé dans ma mémoire et j’essayerai de le transmettre aux générations futures. Nous avons eu une chance énorme de vous rencontrer. Merci encore ! Nous ne vous oublierons jamais.
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Vang-Si
Si je ne pouvais écrire, je serais muet, condamné à la violence dans la dictature du secret, subjugué par tous ces sentiments sans mots, je m’effacerais comme une mer sans eau. Ma vie ne serait pas la même, car si j’avais vécu cette période, j’aurais pu perdre la mienne. Vos instants de bonheur n’étaient que des éclipses lorsqu’ils n’étaient pas des ellipses. Alors j’écris dans l’urgence, comme si ma vie en dépendait. J’aurais continué même sous les sirènes, j’aurais écrit par instinct, par survie afin de supporter ma vie. Trop de mal pour oublier, alors j’écris pour qu’on ne laisse jamais s’effacer le martyre des âmes.
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Jimmy
Pour vous Monsieur Schaffer qui avez vécu la « nuit de cristal », qui êtes un survivant de cette grande guerre. Je vous dis un grand merci, merci d’avoir été là pour nous, merci de nous avoir raconté votre histoire. J’ai énormément de compassion pour vous, ça doit être très dur de tenir, de vouloir résister, de se battre, même avec tout ce que vous avez enduré, vous gardez la tête haute. C’est avec une douleur intérieure que vous ne nous montrez pas, que vous nous racontez votre vie. Merci M. Schaffer.
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