LE MOT DU PRESIDENT

Tout au long de cette année 2010, nous avons poursuivi nos activités régulières afin de rendre hommage aux Justes parmi les Nations de France, et rappeler ainsi aux jeunes générations notamment, l‘importance des valeurs qu’ils ont incarnées il y a plus de soixante-cinq ans.

Les années ont passé mais ceux qui jadis ont été sauvés, cachés et protégés sont toujours aussi nombreux ; et même plus nombreux, soucieux de retrouver et d’honorer ces familles non juives auxquelles ils doivent la vie.

Ils ont attendu tout ce temps, pris sans doute par leur vie qu’il fallait reconstruire, souvent orphelins ou partis vivre sous d’autres cieux, en Israël, aux États Unis, en Australie même. Parfois trop petits, ils ne connaissaient même pas les noms de ceux qui les avaient cachés ; et c’est une photo tombée d’un vieille boite, griffonnée au dos, qui intriguant les petits enfants, a parfois été à l’origine de leur décision : chercher pour en savoir plus puis rassembler toutes les pièces nécessaires pour qu’enfin, après l’instruction du Comité français et la décision de Yad Vashem, l’Etat d’Israël au nom du Peuple juif tout entier, attribue le titre de Juste parmi les Nations à ceux qui les avaient sauvés.

Souvent aujourd’hui, c’est à titre posthume. Pourtant, chaque fois, comme chacun de nos délégués, je peux témoigner de l’émotion et de la fierté que nous éprouvons tous, lors de ces cérémonies réunissant familles, amis, élus, lycéens, enseignants, citoyens, villageois, attentifs à ces récits de courage et de dignité comme au rappel des rafles et de la déportation.

Aussi, j’invite tous ceux qui ne l’ont pas encore fait, à constituer ces demandes de reconnaissance.

Je suis d’autre part particulièrement heureux qu’en complément de ce travail de reconnaissance individuelle, 2010 soit aussi l’année où nous avons vu, à l’initiative de nos délégués, des élus ou des familles, se développer la volonté d’inscrire ces hommages localement et publiquement : par des plaques ou en baptisant une rue, une place, du nom de ces Justes de France honorés par Yad Vashem. De là est venue l’idée d’inscrire plus durablement encore ces valeurs de courage, de tolérance, de fraternité, en réunissant ces villes et ces villages au sein d’un réseau interne à notre Comité. Une idée qui devrait se réaliser en 2011.

Au service de ces idées, nous avons donc, en 2010, poursuivi nos efforts de professionnalisation, de restructuration et de communication, avec notamment un envoi mieux structuré du Lien Francophone dont le contenu a également été amélioré par Jérusalem et nous-mêmes ; nous avons ainsi élargi le cercle de nos membres-adhérents et de nos financements : notre bilan financier, pour la seconde année consécutive, est donc positif. La modernisation de nos outils informatiques et la restructuration complète de nos fichiers, travail fastidieux mais essentiel, ont renforcé la connaissance donc l’impact de nos activités et celles de Jérusalem. Il manque encore la refonte de notre site mais nous espérons qu’en 2011, cela sera également terminé. Enfin, nous avons progressivement resserré nos liens et travaillé avec les Régions afin d’optimiser nos ressources, nos informations, l’organisation des cérémonies et l’instruction des nouvelles demandes.

Nous poursuivons au mieux notre mission grâce à notre coopération avec le Département francophone de Jérusalem et au travail d’une soixantaine de délégués, bénévoles, fidèles et engagés. Nous avons pu également recruter en fin d’année David Adam qui désormais coordonnera toutes les activités du Comité français, renforçant ainsi l’équipe de nos deux permanents.

Entouré d’un Bureau mis en fonction depuis le début de l’année 2010, je voudrais plus particulièrement saluer l’arrivée de notre nouveau secrétaire général, Jean-Pierre Gauzi, dont le travail inlassable, la compétence et la gentillesse sont des atouts majeurs pour la réussite des actions que nous menons. 

Je tiens aussi à rendre hommage à Gérard et Elisabeth Goldenberg, Edith Moskovic, Jennie Laneurie et Jean-Claude Roos qui, ayant mis fin à leur bénévolat actif, ont été honorés par Jérusalem en reconnaissance de leur « indéfectible dévouement » à Yad Vashem.

Je salue également l’arrivée du Dr Jean Raphael Hirsch, qui après avoir été vice-président, a pris ma succession en novembre 2010. Je lui remets, avec les clefs, une mission dont il connait toute l’importance. Je sais qu’il la conduira avec ferveur et courage.

Je remercie enfin le Comité directeur de sa confiance : nommé à présent Président d’honneur, je continuerai ainsi, tant que mes forces me le permettront, à me mettre au service de Yad Vashem, au service de l’Histoire et de la mémoire de la Shoah.

Revenu d’Auschwitz, la vie après Auschwitz a toujours été une vie avec Auschwitz. 
Mais le travail au sein du Comité français, avec la lumière qu’il projette sur les valeurs contraires incarnées par les Justes, a toujours été pour moi un chemin vers la foi, malgré tout, en l’humanité.

Je voudrais conclure en soulignant mon émotion lorsque j’ai reçu, des mains d’Avner Shalev, directeur général de l’institut Yad Vashem de Jérusalem, « La Clé de la Mémoire ».
Cette clé est pour moi celle de Yad Vashem Jérusalem notre maison. Comme toutes les portes qui s’ouvrent et qui se ferment, celle de Yad Vashem enferme l’histoire de ceux que nous n’oublierons jamais, mais s’ouvre aussi sur le futur que nous espérons tous un futur de Paix.

Paul Schaffer